Cat by John Wick


Introduction de 2011
Je n’ai pas besoin de présenter ce jeu. Debout derrière mon stand en convention, j’ai besoin de tout présenter. House of the Blooded, Thirty, Discordia … Tout le monde monde demande “De quoi parle ce jeu ?”
Je donne les explications standards pour ces jeux. Je les résume en trente secondes. Une catch-phrase et quelques réponses anticipés aux questions les plus fréquentes.
Mais Cat ? Pas besoin de pitch. Quand quelqu’un demande “Ca parle de quoi ?” je répond toujours la même chose.
“C’est sur des chats domestiques qui protègent leurs maîtres des Monstres qu’ils ne peuvent pas voir.”
Et c’est tout. C’est tout ce dont j’ai besoin. J’ai l’argent dans les mains et la personne déjà en train de s’en aller avec le jeu.
Et l’histoire que je raconte dans le jeu a propos de mon rêve ? C’est vraiment arrivé. Quelques semaines après la mort de mon chat, il est revenu vers moi et m’a tout raconté. J’ai tout assimilé. J’ai estimé que je ne risquait rien à relayer l’information.
J’ai conçu Cat pour que tout le monde puisse y jouer. Les adultes comme les enfants, les gamers et aussi leurs copines. Je pense que c’est pour ça que c’est un de mes best-sellers.
J’ai relu le texte et fait quelques corrections. Je l’ai réajusté de façon à ce qu’il concorde à ma philosophie actuelle de conception des jeux. J’ai rationalisé quelques mécaniques et raffistolé ce qui en avait besoin.
(Pour les initiés, j’ai enfin révélé comment récupérer des Points de Magie.)
En relisant ce jeu, j’ai réalisé comment cela a influencé mes designs suivants. Je n’avais pas relu le jeu depuis des années - puisque j’avais commencé à travailler sur ce massif tome de 400 pages de House of the Blooded, en fait - et ce n’est qu’après l’avoir fini que quelqu’un me demanda de jouer à Cat. J’ai prit le petit livret de règles pour me rafraîchir la mémoire … et j’ai trouvé les Points de Style et les paris - un point essentiel de HotB - juste là, dans les pages de Cat. Je n’arrivait pas à y croire. J’étais des années lumières en avance sur moi même.
Plus d’une personne ont appelé Legend of the Five Rings mon chef-d’oeuvre. Certains disent que c’est Thirty. D’autres disent que c’est House of the Blooded.
Qu’importe.
C’est celui-là dont je suis le plus fier. Il a touché le plus de gens. Et plus d’une personne m’a envoyé un email privé pour me dire que mon petit paragraphe à la fin sur le déces de mon chat de leucémie féline leur avait tiré des larmes.
Quand Roland est mort, je ne pouvais m’arrêter de pleurer pendant des heures. Je l’aimais tellement.
Et de temps à autres, quand j’ai besoin de lui il est là. A veiller sur moi.
Je terminerai cette petite introduction avec deux phrases que j’utilise quand je signe le livre original.
Protégez votre chat.
Votre chat vous protège.

Je sais que je rêve
Je sais que je rêve. Tu vois, les momies ne font normalement pas leur lessive du mercredi dans ma laverie.
“T’as raison” dit mon chat, assis derrière moi tandis que j’empile les repas micro-ondables dans le séchoir. “Tu rêves.”
“Comment tu sais ?” je lui demande, fouillant mes poches pour chercher une pièce.
“Parce que je rêve aussi.” Il se lèche le menton et regarde les repas cuire dans le séchoir.
Le séchoir bipe et je sors les assiettes en alu remplies de nourriture. “Alors, pourquoi tu es là?”
Il commence à grignoter le poulet frit. “C’est le seul endroit où toi et moi pouvons vraiment nous parler.”
“On parle ?”
“Bah, je parle tout le temps. Le problème c’est que tu ne sais pas écouter.” Il mâche le poulet et je commence le dessert à la cerise. “Et en général tu ne te rappelle pas quand on a fini. Parfois, les choses importantes restent dans ton petit crâne. Les trucs importants, au moins.”
“Alors tu as un truc à me dire ?”
“Yep. Quelques trucs. Mais on a pas beaucoup de temps. Ca m’a prit toute la nuit pour te trouver et l’aube se fraie un chemin très rapidement.”
Je hoche la tête et remet le dîner dans le séchoir. “Où est-ce qu’on va ?”
“N’importe où. Je veux juste m’éloigner des mommies. Elles me fichent la trouille.”

***

Mon chat et moi, on marche à travers une ville pleine de zombies. Pas des cannibales bavant et pourrissants, mais de ceux qui ont l’air de se demander “Mais où on est ?!”
Je demande “D’où viennent tous ces zombies ?”
“C’est vous. Enfin, la plupart. Tu sais quand tu ne peux pas te rappeler de tes rêves ?” Il désigne un zombie d’une haussement d’épaules. “C’est vous.”
Je ne suis que brièvement conscient du fait que mon chat vient de hausser les épaules, j’en viens presque à me demander comment il a pu faire quand une belle brune passe à côté et ma tête tourne à 360 degrés.
“C’est ça, votre problème,” me dit mon chat. “Vous les humains n’arrivez pas à rester concentrés. C’est pour ça que vos rêves sont remplis de toutes ces bêtises.”
“Ouais,” je dis, ma voix aussi distante que la voix de mon chat. “T’as raison.”
“Rah” il fait “ça va pas marcher. T’es pas du tout concentré.”
Je secoue la tête.
“Non, non ! J’suis là. J’suis là.”
“Bien, commençons.”
Je lève la tête et on est debouts devant ma maison.
“Notre maison,” dit mon chat. “Rentrons.” Il ouvre la porte et nous rentrons.
“Hé, comment tu as …” Je réalise que je ne sais pas si je dois lui demander si il lit dans mon esprit ou comment il a ouvert la porte.
“Laisse tomber, dit-il, regarde autours de toi.”
Je lève les yeux et je vois mon canapé, ma télévision, mon bureau, ma table à manger et … des trucs. Des choses noires comme de l’encre, avec des yeux et des tenailles et des mandibules et des tentacules et des bouches et des dents. Tellement de bouches. Tellement de dents. Elles sont faites de dents. Petites et aiguisées qui saignent quand ces choses sourient.
“Qu’est ce que c’est que ces choses … (je ne sais pas comment les appeler) qui rampent partout ?”
“Celle-la là bas , il pointe une de celles qui rampent sur ma chaise préférée, c’est une Flemme.”
Ensuite il pointe le téléphone. Il ressemble à un tique pleine de sang. “Ca c’est une Peur. Tu l’as rendu vraiment énorme la dernière fois que t’es resté assis face au téléphone, à essayer d’appeler la fille que t’as rencontré en classe.”
Je hoche la tête.
“Je pense que j’ai compris l’idée. Mais c’est quoi ?”
“Moins tu les nommes, mieux c’est.” me dit mon chat, en léchant sa patte pour nettoyer son oreille. “Mon grand-père les appelle les Boggins. C’est un nom assez correct. J’en ai entendu des pires.”
Je les regarde suinter partout sur les meubles pendant quelques secondes puis je lui demande quelque chose. “Ces choses sont dangereuses ?”
“Oh, ouais. Principalement parce que tu ne peux pas les voir.”
“S'ils sont dangereux, je demande, pourquoi il y en a partout ?”
Mon chat sourit.
“Parce que je suis là.” Il grimpe l’escalier. “Viens. J’ai d’autre choses à te montrer.”

***

“Je vais te dire un secret, me dit il, vous n’êtes pas les chefs. Bien sur, je sais que je sais que vous aimez croire le contraire, et avec vos pistolets et vos lumières et vos voitures, vous pouvez tuer à peu près tout ce que vous voulez. Mais tuer avec un pistolet ou une voiture c’est pas pareil que tuer avec ses griffes, et c’est là que ça pêche. Quand il s’agit de combat féroces, ton espèce est aussi impuissante qu’un chaton.
C’est pourquoi, tous les cent ans, nous gagnons la Compétition et que, tous les cent ans, vous arrivez bons derniers. Votre champion se ramène tout faiblard et nu, pas plus prêt au combat qu’un bouton sur le point d’être éclaté. Vous n’avez pas de dents et pas de griffes et vous ne vous rappelez simplement pas comment vous battre. C’est une honte, franchement. Tu sais pourquoi ? Parce que le moins vous en savez sur comment vous protéger, plus on doit en apprendre à vous protéger. C’est notre boulot. Enfin, un parmis tant d’autres.”

***

Nous arrivons en haut de l’escalier et la porte s’ouvre sur un ciel plein d’étoiles. “Viens,” me dit il, et il saute sur l’une des étoiles. J’essaye à mon tours mais fait à peine la moitié de la distance. Je tombe atteignant presque l’eau qui se trouve en bas - pleine de requins et de cabines téléphoniques - quand il me rattrape entre ses dents.
“Tu t’es mieux débrouillé que beaucoup de gens” tout en me maintenant entre ses dents, “Mais pas tant que ça.”
Il me remonte sur l’étoile “Accroche toi à ma queue mais ne la tire pas.” Je fais ce qu’il me dit. Il continue de parler.

***

Aussi loin qu’on puisse se souvenir, il y a toujours eu cette Compétition. Tous les cent ans, nous nous retrouvons tous dans le Rêve et nous battons pour obtenir le droit de diriger le monde. La dernière fois, nous avons gagné. Le Roi des Chats a battu la Reine des Chiens, et son espèce ne nous a laissé aucun répit depuis. Ils sont une race jalouse, les chiens, et ils n’aiment pas être à la seconde place.
Bon, le fait que nous régnons sur le monde est une bonne chose, mais il y a un piège. Ceux qui gagnent doivent veiller sur ceux qui sont arrivés derniers. Nous avons gagné, vous avez perdu. Vous avec perdu ///. Vous avez coupé vos griffes, ébréché vos dents, et vous ne faites pas attention à ce qui est important.
C’est ce qui nous rends différents l’un de l’autre. Nous savons que le Rêve est “réel”, et que ça, la chair et tout, ça n’est rien. Nous avons beau être petits là bas, mais ici